lundi 6 décembre 2010

Comparaison Fin de Partie / Oh Les Beaux Jours


Le nom des personnages
NAGG/ NELL
WINNIE/ WILLIE
= onomastique : très ressemblant. Même si notre nom nous détermine, on se ressemble tous OU un vrai couple est aussi celui dont les prénoms s'accordent.

FDP: absence d'objets. Les objets ne sont que divertissement. Cela se confirme dans OLBJ. Ces objets,journal, sac, rouge à lèvres, miroir, brosse à dents, parapluie, qui ponctuent sa vie mais ne lui donne pas plus de sens.

Les personnages de deux pièces s'enlisent dans leur quotidien. Ici, avec le sable, bcp plus flagrant.
Comment les personnages parviennent-ils à supporter cela?
Dans FDP ou OLBJ, les illusions sont rassurantes (tu ne vas pas partir? tu pars? ) et l'espérance obstinée (ca va finir, peut-être finir...)

L'oxymore « pauvre cher Willie » rend compte de la complexité des relations entre les personnages.

L'ironie:
FDP: ont un buffet, mais fermé. Pourraient s'aimer mais dans des poubelles...
OLBJ: "Solennellement garantie... véritable pure soie de porc. ...": ramène l'homme à sa condition animale. En outre la garantie ne vaut rien: plus de certitudes.

Dans les deux pièces, nous observons une perte des repères, des monologues; des personnages paralysés emprisonnés dans un sorte de semi-tombe...
La religion de Winnie, ce sont ses souvenirs qu'elle égrène comme un chapelet

CF ETUDE intéressante de la mise en scène des pièces de Beckett: ICI:

http://www.matisse.lettres.free.fr/rubriqueeaf/corpusvigny.htm

De l'incipit au générique

Excellent travail by Mona and me.

Etude du générique et de l’incipit



I) Les registres dans l’incipit et le générique

a)L’incipit

Le roman s’ouvre sur la phrase « Au printemps de 1650 » et le mot printemps renvoi à une saison propice aux amours et au romantisme, cependant, cette atmosphère est vite remplacée par l’ironie tragique dans la suite de la phrase « Madame de Sainte Colombe mourut » qui crée un décalage laissant le lecteur perplexe sur la suite des évènements. Finalement, le registre tragique devient dominant des les phrases suivantes avec le champ lexical du deuil : « mourut », « laissait », « consola », « aimait », « Tombeau des Regrets ».

Un autre thème rend ambivalent cet incipit, avec le champ lexical de la nature : « jardin », « barque », « rivière » , « saule », « rive ». C’est un retour au thème de l’amour avec ce registre romantique. Cette importance de la nature est associée au champ lexical de la musique : « trios », « voix », « oreilles », « musique », « la bouche », « musique », « la viole ». Cette association de la nature, de l’amour et de la musique renvoi au registre lyrique, d’autant plus que Monsieur de Saint Colombe s’entoure de la nature pour faire de la musique: « Il avait fait bâtir une cabane dans le jardin, dans les branches d’un grand murier qui datait de Monsieur Sully ».

Registre de l’ironie tragique qui revient lorsque le lecteur apprend que Monsieur de Sainte Colombe n’était pas aux cotés de sa femme lorsqu’elle est morte, mais au chevet d’un ami, M.Vauquelin, lui-même sur le point de mourir : « Il était alors au chevet d’un ami de feu Monsieur Vauquelin qui avait souhaité mourir avec un peu de vin de Puisey et de musique »

L’ironie est renforcée par le prénom de la cuisinière, Guignotte, qui peut renvoyer au mot « guigne » ce qui signifie la malchance.

= Incipit ambivalent qui donne les thèmes que l’on retrouvera à travers la suite du texte : la mort, l’amour, la nature, la musique, teintés d’une ironie grinçante qui souligne la présence d’un destin tragique qui s’acharne sur la famille Sainte Colombe.

b) Le générique.

Le générique s’ouvre sur un fond noir et lettres rouges, (rouge : sang ou passion) qui donne d’entrée la tonalité tragique au film. Le film sera noir. La musique lancinante et les voix saccadées qui commencent, renforcent le tragique, puis la phrase « Toute note doit finir en mourant » : thème de la mort et de la musique qui apparaissent. La musique aura un rôle tragique dans la suite du film.

Ce registre tragique est amplifié par les reprises anaphoriques du « non » du personnage, les pleurs, puis son monologue ou l’on perçoit les mots « néant » « je suis un imposteur ». Cette amplification laisse place au registre pathétique, car le personnage théâtralise ses états d’âme. Théâtralisation qui, cependant, apparait normale car l’histoire se déroule au 17ème siècle, classicisme qui s’exprime avec le théâtre et la musique, avec Molière et Lully comme personnages incontournables. De plus, on reconnait le personnage stéréotype de cette époque, l’aristocrate gras, avec une perruque, maquillé, et la mouche sur la joue. Stéréotype exagéré qui renforce le registre pathétique.

Lorsque le personnage désire avoir sa viole, il prononce ses mots avec violence « Donnez moi une viole ! » : registre polémique qui montre que la viole va être incontournable, au cœur de l’histoire.

= Générique moins ambivalent que l’incipit et qui ouvre l’histoire sur une tonalité dramatique et violente, qui souligne la souffrance, nouveau thème dans le film. Cependant cette tonalité est nuancée par l’exagération, qui laisse perplexe le spectateur, car il se demande s’il doit prendre cette souffrance au sérieux ou non. La musique semble être importante à cause du leitmotiv lancinant, de la violence des mots du personnage mais cependant la viole n’apparait que plus tard. De plus le personnage semble être le personnage principal, mais les voix extra diégétiques sous entendent l’importance d’un autre personnage. Générique qui semble vouloir perturber le spectateur. De plus, le générique du film et l’incipit du roman n’abordent pas l’histoire de la même façon.

II) Apparition des personnages dans l’incipit.

a) Madame de Sainte Colombe et les fillettes

Le roman s’ouvre sur le personnage de Madame de Sainte Colombe qui apparait dans le roman et disparait aussitôt. « Au printemps de 1650, Madame de Sainte Colombe mourut » : sa vie s’arrête au début du roman et pourtant cela souligne qu’elle a encore un rôle à jouer dans la vie des autres personnages. En effet, la deuxième phrase mentionne ses deux filles : « Elle laissait deux filles âgées de deux et six ans » marque l’abandon des fillettes qui va influencer le reste de leurs vies. Leur deuxième position souligne que le traumatisme va être important chez elles, cependant, on ne précise pas leurs prénoms. Cela pose un mystère sur leur identité qui finalement va de plus en plus s’affirmer dans la suite de l’histoire. Cependant la mention de leur âge « de deux et six ans » marque une distinction entre les deux sœurs, qui ne va faire que grandir.

b) Monsieur de Sainte Colombe

Puis vient Monsieur de Sainte Colombe dont le portrait occupe toute la suite de l’incipit. C’est donc le personnage principal. Portrait qui nous montre tout de suite que c’est un homme très affecté par la mort de sa femme « ne se consola pas » est un euphémisme qui souligne que le personnage va essayer de survivre à cette perte. « Il l’aimait » à l’imparfait éternel renforce la douleur dont le personnage est victime. La solitude dont le personnage fait preuve le fait s’apparenter à un poète maudit : « Il y avait des saules sur la rive et une barque dans laquelle Saint Colombe allait s’asseoir le soir quand le temps était agréable ». Puis on nous présente la classe sociale du personnage qui n’est pas riche mais pas pauvre non plus « Il n’était pas riche sans qu’il put se plaindre de pauvreté ». Il possède une terre, mais celle-ci ne lui rapporte pas beaucoup, il chasse mais il est maladroit, il donne des cours de musique qui lui permette de « compléter » ses ressources. Il possède une cuisinière et un valet, deux domestiques, ce qui pourraient l’apparenter à un noble mais cela reste trop peu pour qu’il le soit. Cependant on nous précise que c’est un « maitre réputé », que cette réputation soit bonne ou mauvaise, cela souligne que c’est un homme respecté. Cela est amplifié par le fait qu’il soir associé aux villes de Londres et de Paris, et sa fréquentation de la société de Port Royal. Ce sont des arguments d’autorité et montre qu’il est cultivé. C’est un portrait qui nous présente un homme de contraires, car lorsqu’il possède une qualité, on y associe un défaut (voir de « Il n’était pas riche » à « Port Royal »). C’est un portrait antithétique qui sous entend que le personnage peut être un antihéros.

« Monsieur de Bures apprit aux enfants les lettres, les chiffres, l’histoire sainte et les rudiments du latins » expose le stéréotype de la culture au 17ème siècle, cependant les fillettes ont reçut un enseignement musical par leur père « Celui-ci avait inculqué à ses filles, dès l’âge le plus tendre, les notes et les clés ». « Elles chantaient bien et avaient de réelles dispositions pour la musique » : héritage du père, qui, malgré son attitude distante et froide avec ses filles, se lie avec elles par la musique : souligne la complexité des relations.

« Au bout de trois ans, son apparence était toujours dans ses yeux. Au bout de cinq ans, sa voix chuchotait toujours dans ses oreilles » : met en relief le temps qui passe, qui contraste avec le souvenir de sa femme qui ne change pas. Souligne le fait que le personnage de Sainte Colombe ne changera pas lui non plus, il s’inscrit dans une immobilité face au temps. Cela sous entend que Madame de Sainte colombe va réapparaitre, car Monsieur de Sainte Colombe fait vivre son souvenir. Le souvenir de son épouse habite Monsieur de Sainte Colombe, ce qui montre qu’il va en devenir fou, et la musique va jouer un rôle de catharsis pour lui, car il va évacuer sa douleur par la musique.

Puis le portrait se ternit : « taciturne » ; il devient introverti, il sombre et s’isole. « Il vendit son cheval » : il se forge sa propre citadelle et n’a plus besoin de rien. « Il n’ouvrit pas la bouche mais ne vit plus personne » : Il n’exprima pas son malheur, mais il vide sa vie de tout sens. « Sainte Colombe s’enferma chez lui » : thème de la claustration. Puis il devint « un maitre connu » : dégradation du personnage. Il s’éloigne de ses filles : « Il estimait que la musique aurait mis de l’encombrement à la conversation des deux petites filles qui papotaient le soir avant de s’endormir » : il se retire de son rôle de père : « ou après que Guignotte, la cuisinière, les avait couchées ».

Il a déplacé l’affection pour sa femme envers la musique. La viole est une épouse de substitution. Il y donne de la sensualité « Il trouva une façon différente de tenir la viole entre les genoux et sans la faire reposer sur le mollet » : érotique. « Soupir d’une jeune femme » : portrait de la viole qui devient sensuel, « le plaisir » : sexuel. Cependant cela est vite contrastée avec « d’un homme concentré dans sa prière » qui marque que la sensualité n’a plus sa place dans la vie de Monsieur de Sainte Colombe, mais qu’il est dans une sorte de deuil éternel.

= Incipit ambivalent au niveau des registres et du personnage de Monsieur de Sainte Colombe qui apparait très ambigüe au niveau social, affectueux, et personnel. Il trouble le lecteur. Sa douleur le pousse à se marginaliser et en fait un personnage redouté.

III) Apparition des personnages dans le générique

a) Apparition de Marin Marais



Apparition d’un personnage sur un fond noir. Il apparait progressivement. C’est un plan fixe. Il a une attitude de recueillement. Il sort de ce recueillement pour pleurer, il a les yeux rouges. C’est un personnage fragile. Pendant ce plan, le générique se déroule, et le film revendique sa fidélité à l’écrivain : « D’après le roman de Pascal Quignard ». Voix d’un narrateur qui s’impose dès le début du film et musique en fond sonore : composant importante du film. La musique ouvre le film avant les personnages, c’est une mise en contexte pour les spectateurs. Le générique du film rend la mise en scène théâtrale qui donne un genre au film car il repose sur les gestes, les expressions, les mouvements. Ici, la théâtralisation se fait dans les pleurs, les soupirs et les expressions du visage du personnage. Le narrateur appartient à l’histoire dans le film car les voix extra diégétiques sont mises en même temps que l’apparition du personnage à l’écran. Ce personnage est aristocrate, c’est pourquoi on devine que le narrateur est Marin Marais. Cette apparition fait supposer que le personnage est le protagoniste et le maitre de musique mais il ne correspond pas du tout à Monsieur de Sainte Colombe. C’est un qui propos pour le spectateur qui se perd. De plus, le nom de l’acteur ne correspond pas au personnage. Puis se superpose le nom de Gérard Depardieu, cette superposition dans la même taille et le même police donnent l’impression que ce personnage et le deuxième protagoniste vont fusionner. Puis, après un plan relativement long sur le personnage, plan sur la viole qui contraste avec le leitmotiv musical saccadé alors que la viole est une musique harmonieuse. Cette musique, la mise en scène de cours en voix extra diégétiques, la musique théorisée semble faire souffrir le personnage. Souffrance qu’il exprime avec violence en répétant « Non ». Ensuite, il réclame sa viole « Marin Marais veut jouer de la viole » mais au moment où la musique commence la viole est hors cadre : tout est en décalage, le personnage lui aussi sera t-il tout le long du film en décalage avec la musique ? La manière dont il joue de la viole rejoint son attitude violente dans les mots car il semble lutter, rapport de force entre le personnage et la viole. Cela contraste avec les pleurs qui laissaient penser que le personnage était fragile, à présent il semble plus puissant. Monologue du personnage où on perçoit la mention d’un deuxième personnage à travers les « Et lui », ce qui relativise alors l’importance de Marin Marais dans le film, qui semble alors dominé par le second protagoniste : « J’avais un maitre et les ombres l’ont pris » : Il se pose en disciple.

b) Apparition de Monsieur de Sainte Colombe

A la 6ème minute, le plan séquence est coupé pour laisser place à un plan d’ensemble. Ce plan ressemble à un tableau pictural, ou les lumières en clair obscur rappellent un tableau de Rembrandt. Plan rapproché sur un mort qui crée un deuxième qui propos pour le spectateur : le maitre dont Marin Marais parlait semble être le mort, ce qui ne colle pas avec l’intrigue. Cette situation est rétablie car l’on peut remarquer qu’au doigt du joueur de viole une alliance, et sur la manche de l’instrument, une tête de femme, qui pourrait être Madame de Sainte Colombe : Cet homme est Monsieur de Sainte Colombe. Plan qui suggère l’ironie tragique car entre l’homme et la tête de la femme il y a la viole et le mort : Représentation de ce qui les a séparé et de ce qui les unit encore. A la 7ème minute, le texte apparait et est fidèle au livre : « Au printemps de 1650 » dans le roman « Au même après midi de printemps » dans le livre.

c) Représentation de Madame de Sainte Colombe

Puis, plan sur Madame de Sainte Colombe morte. Elle ressemble à une sorte de princesse abandonnée, assimilation à un conte. De plus elle a une robe rouge qui fait penser à la passion, blonde, belle, c’est le stéréotype de la princesse.

Puis,le champ contre champ sous entend qu’ils sont réunis. La musique en fond sonore qui sert d’oraison funèbre.

= Générique qui perturbe le spectateur au niveau de l’intrigue car le personnage mis en relief est Marin Marais. La musique est présente dans les trois premières scènes ce qui montre bien son importance capitale dans le roman. Elle est présentée aussi comme une forme de relais entre Monsieur de Sainte Colombe et la défunte. C’est également un générique qui suggère la dimension artistique du film grâce a la musique et aux représentations picturales des scènes. Ainsi, les thèmes de la musique, de la mort (et en quelques sorte la musique réveille les morts dans ce films-romans) sont très présents et également accentués par la théâtralisation de Marin Marais.

Le film est davantage un film musical à grand spectacle, tandis que le roman se présente comme l'histoire intimiste d'une famille où l'amour maternel disparait tandis que l'amour de la viole va animer le roman.
S'il fallait employer une métaphore du temps: le film présente le crépuscule de la vie de Marais, et le roman débute à l'aube d'une nouvelle vie monacale pour M. De Ste Colombe.

Le roman et le film s'articule autour de deux pivots: un musicien virtuose mais fasciné par la vie, les femmes, les honneurs (MARAIS) , et son maître solitaire, mystique de la musique, qui est fasciné par feu sa femme.